Quand vous allez à Bruxelles, et que vous dites que vous comptez aller à Molenbeek-Saint-Jean, vous susciterez obligatoirement des réactions de vos proches : vannes, gênes, certains vous diront de faire attention, quand bien même vous habiteriez dans le pire ghetto de France… Quitte à être dans le fantasme. Devenue même une expression en France pour considérer les quartiers « islamistes » français, cette commune de Bruxelles est devenue tristement célèbre dans le monde entier pour les pires mauvaises raisons, quand est-il réellement sur place ?
Un quartier comme « un autre » à Bruxelles
Ce qui est surprenant, c’est que ce quartier populaire est très proche du centre-ville, 5 minutes en voiture, 15 minutes à pied, quelques stations de métro, il n’est séparé par le cœur de la ville que par un canal. Comme pour les canaux de Birmingham, Paris, Londres… Le plan d’eau bruxellois attire les endroits branchés dans les anciennes friches industrielles, les promoteurs immobiliers y rénovent, construisent, il était sûr qu’un quartier si proche de Bruxelles-centre allait être touché par le phénomène de gentrification. Quand on rentre dans Molenbeek, quelques tours HLM, mais ce n’est vraiment pas cela qui choque, non, ce qui est surprenant, c’est que finalement, c’est un quartier typiquement bruxellois fait de maisons en briques rouges. Une rue commerçante, et puis c’est tout !
Oui, il y a beaucoup de maghrébins…
Ce n’est un secret pour personne, que Bruxelles abrite une forte communauté maghrébine venant essentiellement du Maroc, dont beaucoup habitent Molenbeek. Cela se voit dans les commerces présents, dans les femmes qui portent le voile, et dans les nombreuses mosquées, logique, faut bien prier. Mais si vous comptez trouver le repère des islamistes comme l’a été le quartier de Finsbury au nord de Londres, avec un Abou Qatada dans les 90, vous allez êtes déçu.
Quand j’ai discuté avec le libraire de la seule librairie islamique de l’avenue principale, Chaussée de Gand, malgré que nous sommes de la même religion, il en a quand même marre que les journalistes viennent toujours l’interroger, en espérant avoir un scoop, quelque chose de sensationnelle, et qui repartent bien souvent bredouilles. Et je pourrais interroger tous les habitants du quartier, les commerçants de poivrons… Mais un moment, faut les laisser tranquilles, ils demandent qu’à ce que le train passe et qu’on arrête de les relier aux tragiques événements qu’ont connus Paris et Saint-Denis.
Alors on continue la balade, et on voit qu’il y a aussi un musée de la bière à Molenbeek, encore déçu, on espérait voir sur la place publique des lapidations, on nous a vendu ce quartier comme une annexe de Raqqa. Quand on est allé à Small Heath à Birmingham, c’est de la rigolade, on attendait à voir une islamité plus présente, plus visible, autant aller à Barbès ou à Couronnes à Paris.
On pourra toujours apercevoir des jeunes faire du prosélytisme, certains amplifieront ce phénomène, alors que ce ne sont que les Tabligh, un groupe de prédication musulman présent partout dans le monde, et qui sont plutôt inoffensifs. Puis les témoins de Jéhovah se baladent dans nos rues sans que cela ne choque, et vivent en marge que bien plus de musulmans…
Alors, bien sûr, je pourrais faire une analyse sociologique : immigration +exclusion +délinquance + trafic de drogue +pauvreté +chômage +islamisation +méchant +terro… Mais ce n’est pas mon but, je pourrais aller dans n’importe quelle cité française pour cela, certains le font mieux que moi et je préfère vous renvoyer à cet article.
Finalement qu’est que c’est Molenbeek ?
C’est un endroit où un petit délinquant Abdelhamid Abaaoud, fils de commerçant, a vécu, et est allé chercher la repentance à Raqqa en Syrie, où il est devenu un chef de guerre, où la violence, toujours présente en lui, n’a pu s’estomper et l’a emporté sur la miséricorde, mais comment aurait-il pu en être autrement chez Daesh ? Fier que sur le chemin d’Allah il tractait des cadavres à la place des scooters de mer. On le croyait dans l’ancienne capitale de l’éphémère pseudo-califat qu’était l’Etat Islamique, (dont on croyait que la paix sur la terre allait revenir, une fois qu’il ne serait plus là). Apparemment, il faisait souvent la navette entre la Syrie et l’Europe, il a motivé ces anciens potes délinquants, toxicos, alcoolos, fêtards, et certainement fornicateurs, et il leur a promis l’absolution divine de leurs péchés s’ils commettaient les actes que nous avons connus. Alors comment s’est-il pris pour avoir une telle emprise sur leur mentale pour leur retourner le cerveau ? Seul Salah Abdeslam, muré dans son silence pourrait nous en dire plus.
Avec du recul, on peut voir qu’il y a eu une certaine impréparation des attentats : le Stade de France, un échec total au vu du carnage potentiel, on tape dans les premiers bars venus, Salah Adeslam qui a une ceinture qui n’explose pas ou qui se cague au dernier moment, même le Bataclan aurait pu être bien pire. On a Abaaoud qui se planque dans un buisson à Aubervilliers, demandant à sa cousine un logement qu’un dealer toxico lui loue pour 50 balles. Les narcos mexicains doivent bien rire de ces jeunes délinquants européens qui ont retourné la France.
Une analyse sérieuse du djihadisme ne peut se résumer à Molenbeek. Au pire, on en tire une théorie.
Ces jeunes auraient pu venir de Forest, Schaerbeek, Bobigny, Marseille, Rome, Annecy, ils sont venus de Molenbeek, et ont mis injustement toute cette commune, et 99,99 % de ses habitants, sur le banc des accusés.