L’afflux de migrants en France est inédit. La France, dans son humanisme se drape dans de beaux discours, aussi bien pour les accueillir d’un côté, que pour les rejeter de l’autre. Des débats sous fond d’idéologie où on a tendance à tout mélanger pour un problème mondial. Tous les pays sont touchés par les flux migratoires pour diverses raisons et l’Algérie n’y échappe pas. Il est important de préciser avant de commencer cet article, contrairement aux idées reçues que : 80 % des migrations se font dans des pays en voie de développement. Plus de 42 millions de personnes sont victimes de conflits.
Migrants venus essentiellement du Niger
Le Niger, comme l’essentiel des pays africains, est un pays riche en ressources, mais sa population est pauvre. L’uranium est la principale ressource exploitée dans ce pays, extrait pour plus de 30 % par l’un des fleurons de l’économie française Areva. Grâce à l’uranium nigérien, nos centrales nucléaires fonctionnent pour qu’on puisse se chauffer l’hiver, regarder la télé et rouler en Autolib.
En plus de ne pas profiter de la manne financière de ces mines, les populations nigériennes subissent la pollution et la radioactivité qu’engendre l’extraction de ce minerai.
Pour avoir un peu plus de subsistance, les nigériens vont dans le pays voisin qu’est l’Algérie. Il est vrai qu’à côté d’un Érythréen qui arrive jusqu’à Calais, cela s’apparente à un déménagement, mais les souffrances et la dureté qu’engendre un départ de sa terre reste les mêmes et la traversé du Sahara est une redoutable épreuve.
Arrivé en Algérie, les conditions de vie pour un migrant en Algérie sont rudes. Chaleur, poussières, femmes, enfants, nouveau-nés dans les bras, ils mendient sur les trottoirs, aux croisements, dans les grandes villes, mais aussi les moyennes sont touchés par ce phénomène. La nuit, ils dorment dans des campements de fortunes à la périphérie des villes aux conditions d’hygiènes déplorables.
Les autorités gèrent comme ils peuvent. Dernièrement, ils ont renvoyé plus de 1 000 migrants en situation irrégulière, mais c’est à mettre en perspective avec plus de 100 000 migrants présent sur le sol algérien ! Le Croissant Rouge s’en occupe aussi. Comme partout, on gère l’urgence, mais le problème de fond n’est pas gérer, et vu la situation chaotique que nous offre notre planète en ce moment, il n’est pas près de s’arranger.
Les citoyen algérien donne une petite pièce, bouteilles d’eau, biscuits. De la solidarité et de la générosité comme il y en a partout dans le monde. Bien sûr, certains s’adonnent à des campagnes racistes, surtout sur internet, mais qui a un impact assez limité, comme d’habitude la lâcheté s’exprime plus sur la toile qu’en vrai.
Les puissants créent le désordre et le chaos et sont les simples citoyens qui doivent réparer. Ce sont ceux qui ont le moins qui donnent à ceux qui ont rien. Tous ces dirigeants politiques devraient se taire à tout jamais, n’eussent été la bonté de nombreux citoyens que l’humanité serait déjà au niveau du caniveau.
Pas tous le même but
Pour les nigériens, mais aussi pour les autres populations subsahariennes, le Sahara algérien est un point de passage pour aller en Libye, les drames arrivent malheureusement souvent comme en juin dernier où 44 migrants dont des bébés ont trouvé la mort.
D’autres vont s’installer en Algérie, amasser le maximum d’argent de la mendicité, et fortune faite, retourner au Niger. Pour les jeunes de nombreux villages nigériens, cela est rite initiatique à la vie adulte, une aventure migratoire permet de s’affirmer.
Nous avons aussi des réseaux criminelles qui exploitent ces migrants à la mendicité, surtout les plus jeunes. En centre-ville, des petits groupes d’enfants rentrent dans les magasins, jouent de leur misère, entre pleurs et crient en s’accrochant à votre jambe. Dans cette situation gênante, vous n’attendez qu’une chose, que le vendeur les renvoie dehors, en ayant l’esprit « tranquille » de vous êtes défaussé de cette responsabilité. Dommage que certains profitent de la crédulité des Algériens, ils ne faudra pas s’étonner qu’on leur donne plus des poires que des dinars.
Il y a aussi beaucoup de familles syriennes, ne pas les oublier.
Enfin, nous avons des migrants travaillant dans diverses secteurs d’activités, le bâtiment et l’agriculture notamment, dont le gouvernement algérien planchera prochainement pour pouvoir trouver une solution d’en régulariser, car le pays a besoin de cette main d’oeuvre.
Mais ces migrants ne veulent pas spécialement rester en Algérie, beaucoup souhaite rejoindre l’Europe, l’eldorado rêvé. J’ai pu le voir à Aïn-El-turk, entassé dans leur demeure vivant des conditions insalubres, pour rejoindre les chantiers, en espérant amasser de quoi se payer la traversé en partant de l’Algérie. Car oui, on cite souvent la Libye et le Maroc comme point de départ mais il se trouve que des passeurs jouissent aussi de ce lucratif business le long des 1 200 kilomètres des côtes algériennes.
C’est certainement l’un des plus grand défis de ce siècle, comment toutes ces populations qui se déplacent vont être gérées ? Seul Dieu sait.