Les appels au secours des « enfants maudits »

La Petite Roquette est ouverte en 1836 dans le 11e arrondissement de Paris, elle fut une prison pour enfants mineurs de 7 à 20 ans, puis une prison pour femmes à partir de 1935. D’une prison modèle, elle est devenue un « purgatoire pour enfants maudits ». Elle a été définitivement fermé en 1974, il y a dorénavant un square à la place de ce lieu.

Elle fait face à la grande Roquette réservée aux longues peines et aux exécutions capitales. Conçue par l’architecte Louis-Hippolyte Lebas, elle est construite selon le plan imaginé par le philosophe anglais Jeremy Bentham, le panoptique: des bâtiments en étoile avec une tour centrale permettant la surveillance des détenus.

Des conditions inhumaines relatées

Près de 500 enfants y sont incarcérés. On leur intime le silence absolu. « On applique un système philadelphien où le temps d’enfermement est plus important que les moments passés en collectivité. Les enfants passent 22 heures en cellule », raconte Véronique Blanchard. Ils n’ont pas le droit de se voir, ni de se parler. Quand ils sont amenés à se déplacer, on leur pose un sac sur la tête pour éviter qu’ils ne croisent le regard de leurs camarades. Les promenades dans les couloirs sont individuelles. « Et quand, le dimanche, ils assistent à la messe dans la chapelle, ils sont placés dans des box individuels pour limiter toute communication », poursuit l’historienne.

Il faut imaginer des enfants parfois très jeunes, huit ou neuf ans, voire cinq ans, sans aucun contact avec les autres détenus. Il faudra attendre 1912 pour qu’un âge minimum de 13 ans soit imposé à l’enfermement. En cellule de jour comme de nuit, les petits prisonniers bénéficient d’une seule «récréation» de quelques minutes. Ecoutons Ignotus dans Le Figaro du 28 août 1878:

«L’enfant est seul dans cette fosse rectangulaire, faite en pierre meulière. À l’entrée de chacune est un cerceau d’enfant. La vue de ce cerceau est navrante. Le gardien, dont la cage vitrée domine, s’écrie: “Eh! là-bas, amusez-vous; ou je vous signale.” L’enfant, qui regardait mélancoliquement le pan de ciel bleu, fait tristement rouler son cerceau!»

« Les cellules sont des cages infectes, à peines convenables pour un animal »

« Les cellules sont des cages infectes, à peines convenables pour un animal », relate le journaliste Henry Danjou. Trois mètres de long et deux mètres de large. « Le jour n’y arrive que par les vitres dépolies d’une fenêtre, dont l’espagnolette est cadenassée. Elles ne sont pas éclairées la nuit. Ni chauffées. J’y ai vu des enfants qui n’avaient plus de visages humains, hirsutes, sales, couverts de poils, jetant sur moi un regard égaré », décrit-il.

La saleté qui y règne est propre au monde carcéral. Mais à la Petite Roquette, le régime alimentaire n’est pas adapté pour des enfants. Ils manquent de tout, et surtout ne sont pas soignés. En guise de repas : une demi-boule de pain, parfois des gamelles de haricots ou de pois cassés accompagnées d’une ration d’eau.

L’Etat commet des crimes contre les enfants

Le 28 février 1884, Ignotus sonne la charge:

«La Petite-Roquette, c’est la maison cruelle! C’est là que, nuit et jour, l’Etat de connivence avec la Loi, commet des crimes contre l’enfance. Tout membre du Parlement a le droit de visiter cette maison, que je connais de fond en comble. Je signale au visiteur l’air hébété des enfants et leur œil morne, sec, cerné de noir…»

Le journaliste dénonce également l’enfermement des enfants battus. À l’époque, la distinction est mince entre le délinquant et l’enfant vagabond privé de soins. Même si la justice, précisent Blanchard et Gardet, fait la différence entre les «discernants», condamnés et les «non discernants», acquittés, tous se retrouvent enfermés, parfois jusqu’à leur majorité.

Des lettres de prisonniers édifiantes

A travers ces 2 courriers d’enfants, on peut ressentir leur souffrances de leurs conditions carcérales.

Source le Figaro et 20 minutes

https://youtu.be/fs7nbKx4tvc

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