Le deuxième jour du procès d’Abdelkader Merah, frère de Mohamed, a été consacré à sa personnalité de son enfance à aujourd’hui en passant par son séjour en prison de la tuerie qui a marqué le quinquennat de Nicolas Sarkozy ?

Dans le box des accusés Abdelkader Merah est calme, serein, au bout de deux jours le voilà presque routinier à l’exercice, déjà habitué aux interrogatoires, ce procès apparaît presque comme une libération pour lui de pouvoir enfin s’expliquer. Son acolyte Fetah Malki, celui qui a transmis l’arme des crimes et dont son degré d’implication reste à prouver et lui aussi serein. Aujourd’hui, il n’est que simple spectateur. Malgré leur proximité dans ce box, tout les oppose : d’un côté un musulman rigoriste, grosse barbe, vêtement ample, et de l’autre un jeune maigrelet, avec un maillot de Chelsea et une petite veste, très loin de la religion, plutôt dans le cannabis comme il a dit précédemment, un délinquant, qui l’emmène complice d’un terroriste, chose qu’il n’aurait pu imaginer dans son attirail de trafic. Un peu comme Jawwad Bendaoud.

Un patchwork d’élément pour sa vie

Voilà comment on essaye de définir la personnalité d’Abdelkader. Remonter toute sa vie depuis son enfance, qui faut le dire est assez chaotique, il suffit de lire les comptes-rendus fait par les nombreux sites d’infos pour s’en rendre compte. Voilà qu’il voulait en finir avec sa vie de délinquant lors de sa conversion à l’Islam, comme il a dit, que tout dans ce procès ressurgit : drogue, alcool, vol, dégradation, comme si on était toujours un délinquant, le passé ne s’efface pas dans un procès, au contraire tout doit être disséqué, trouver la faille, la petite bête, le mensonge, l’erreur, le but est clairement de montrer un lien entre délinquance et Islam radical, qui conduira à l’influence qu’il aurait exercer sur son frère. Et hormis avoir fait un crédit en étant musulman, dont il reconnaîtra que c’était une erreur, car rappelons que le crédit avec intérêt est prohibé par l’islam, plus de condamnation et de violence. Mais on est pas la pour démontrer l’apaisement que lui a procuré l’islam.

Lorsqu’on évoque son enfance, retrouvé ses sensations de gosse de la séparation de ses parents tout en ayant un recul d’adulte. Un exercice psychologique assez difficile pour ne pas dire schizophrène. Bref tout ça fabrique un personnage, et dans cet exercice Abdelkader s’est plutôt bien débrouiller pour refaire le fil de sa vie dont il sait qu’un mot ou une mauvaise parole lui sera retourné contre lui. Et dans notre culture latine, la parole prend le pas sur les faits et les preuves.

Toute la galaxie djihadiste du sud-ouest est nommé, comme si c’est seuls amis qu’il pouvait avoir une fois musulman ne pouvait que des apprentis, des logisticiens, des architectes, maîtres à penser terroristes? Montré qu’il a changé de violence à défaut de chercher apaisement dans la foi. Avoir des amis médecins ou ouvriers ça ne compte pas ?

Et que dire de son passage en prison dont le président s’attarde sur une barre de chocolat rentré illégalement et une clé USB retrouvée dans sa cellule contenant des films américains ! Heureusement que l’intervention de maître Dupond-Moretti a permis de re situer le débat, dont le président s’efforce à dire que ça peut avoir un intérêt. Sans compter aussi un numéro de téléphone sur un papier dont il a été prouvé que c’était un complot de l’administration pénitentiaire ! mais cela n’a pas plus percuté la cour… encore une fois, maître Dupond-Moretti a rappelé les nombreuses condamnations des prisons françaises à la Cour européenne des droits de l’homme.

Un grand frère ambigu

Certains l’ont sûrement vu dans les médias où il en est vite devenu la coqueluche. Au micro de ces derniers, le plus âgé de la fratrie, Abdelghani Merah s’est vite désolidarisé de sa famille en pointant la radicalisation qui s’est gangrené dans le foyer. Pourtant il n’est pas innocent dans le climat de violence et délinquance où a baigné les Merah. Une confrontation aura lieu le 16 octobre.

21 avocats de la partie civile + la vox populi

La cour avait donné pour instruction de ne pas parler de religion pour évoquer son parcours, car cela sera détaillé lors d’une prochaine audience prévu le 19 octobre, mais c’est chose difficile dans ce procès et les avocats de la partie civile n’ont pu s’en défaire aujourd’hui.

Lorsqu’un avocat de la partie adverse l’interroge sur le fait qu’il soit circoncis et qu’il était donc musulman depuis enfant, comme il est usage de dire pour toute famille maghrébine, alors qu’Abdelkader Merah a plutôt parlé de conversion à l’islam, sa réponse fut qu’on détaillera plus tard sur les points religieux et sur ce que défini un musulman, comme prévu.

Lorsqu’on lui demande si son frère et au paradis ou enfer ? Sa réponse a été : « je ne suis pas Dieu, je ne connais pas l’invisible ».

Est-ce que les lois de la république sont plus importantes que les lois d’Allah ?

On en revient toujours à la religion, où on cite les savants, jurisprudence, hadith, tout se mêle et où chacun va de sa science, et dont on ne doit pas évoquer le sujet à ce jour !

Et que dire de la question de l’avocate générale qui lui demande qu’elle est la différence entre la culture berbère et algérienne ? Où les avocats s’embrouillant où l’un disait que la proportion de Berbères étaient de 80 % quand un autre disait 30 %. Pour après enchaîner sur la culture occidentale. Tout se mélangeait. C’est le procès de l’intégration aussi.

C’est vrai qu’on a envie qu’ils répondent sans chercher a esquiver dès qu’on parle religion, et ça déplaît au public, mais attendons.

Même les vannes peuvent se retourner contre vous, ses potes du quartier le surnommait Ben Laden à l’époque, mais voilà qu’on l’interroge sur ça aujourd’hui, et sur le 11 septembre. Abdelkader a eu comme réponse que certains disent que c’est des complots… heureusement qu’on ne s’est pas éternisé sur les attentats du World Trade Center.

Mais qui et quoi juge t on ?

Sans que l’on sache à l’heure actuelle son degré d’implication, on essaye de faire parler Mohamed Merah à travers Abdelkader, on pose des questions sur le fantôme Merah dont il devrait avoir les réponses, on le prend parfois pour son hologramme. De tout ce qu’a subit la France comme attentat, quasiment tous les terroristes ont été abattus. Abdelkader Merah se retrouve dans le coupable idéal de part son parcours et son approche de l’Islam. Et au vu de cette deuxième journée, tout s’oriente pour qu’on soulage et apaise les parties civiles et la société au détriment de la vérité, que peu veulent réellement.

 

Laisser un commentaire