La spiruline est considérée depuis des années comme un complément alimentaire naturel, sain, et efficace. Elle pourrait aussi permettre le développement et combattre la malnutrition en Afrique. Pourtant une étude de l’IRD l’a remise en cause…
Consommer depuis des millénaires
Les Incas en consommaient déjà comme un aliment à part entière.
L’empereur Aztèque Moctezuma adorait le poisson de mer, malheureusement, son palais de Mexico se trouvait à quelque 300 km du golfe du Mexique et à 2000 m d’altitude. C’est ainsi que des coureurs se relayaient de la mer jusqu’aux cuisines du palais pour apporter le poisson en un temps record.
La spiruline, constituait la base de la nutrition alimentaire de ces « coureurs de poisson », c’était un peu leur dopant, leur EPO.
La récolte de Spiruline s’effondra en même temps que l’empire Aztèque et fut redécouverte seulement 4 siècles plus tard.
Depuis fort longtemps, les femmes Kanembou au Tchad récoltent la spiruline, la font sécher pour la consommer avec du mil. La ration individuelle contient à peu près 10 g de spiruline.
De grandes propriétés thérapeutiques
Voici la liste des propriétés reconnues de la spiruline :
• Complément nutritionnel: (anémies, malnutrition, fatigue…)
• Anti-inflamatoire : (arthrose, asthme…)
• Augmente les défenses immunitaires (HIV, cancer…)
• Désintoxique (chimiothérapie, radioactivité…)
• Anti-oxydant.
Conseillé pour : enfant, femmes enceintes, sportifs, végétariens, convalescents, personnes âgées, toute personne voulant améliorer sa santé.
Voici les bénéfices de la spiruline suite aux études du n°1 mondial de la spiruline Earthrise :
• Etudes anti-virales.
• Etudes anti-tumorales.
• Beta-carotène : effet sur la santé et prévention des cancers.
• Réduction du cholestérol.
• Réduction du diabète et hypertension. • Glycolipides and Sulfo-lipides.
• Immuno-modulation.
La spiruline pour l’aide au développement
Voici un compte-rendu actuel de la spiruline en Afrique, issu des travaux de Carole PIERLOVISI, scientifique et chargée de mission internationale :
L’intérêt de la spiruline ne se limite pas à ses seules vertus nutritionnelles. Elle pourrait occuper une place de premier choix en tant qu’outil de développement. En Afrique, dans plusieurs pays comme le Burkina Faso ou le Mali, une forte mobilisation autour de la spiruline s’est organisée. Les gouvernements lancent des projets de grande envergure (comme Nayalgué) et les communautés locales fournissent matériels et terrains afin de promouvoir des fermes de spiruline dans le pays.
La spiruline se développe naturellement en zones subtropicales et sa culture artisanale dans ces régions chaudes du globe devient possible avec l’aide technique des ONG présentes. Les pays pourraient s’approprier sa culture afin qu’elle s’intègre petit à petit dans les habitudes alimentaires. Par ce biais, elle deviendrait, non seulement un palliatif au problème de la malnutrition en Afrique, mais un réel outil de développement des PVD.
Les fermes de spiruline représentent un moyen de lutte contre le chômage et d’acquisition d’un savoir-faire essentiel à la responsabilisation des individus. Il ne s’agit pas dans ce cas d’assister un pays, mais de le former à des techniques pour devenir plus indépendant. La plupart des fermes ont une vocation humanitaire avec une réelle prise de conscience de l’intérêt de la spiruline pour améliorer l’état nutritionnel d’un pays, mais elles sont aussi très motivées pour s’impliquer dans un contexte commercial. Ce dernier passe par la mise en place d’un réseau de distribution et de communication efficace et d’une stratégie d’éducation adaptée à la population locale sur les qualités nutritionnelles de la spiruline.
Dans ce domaine, nous pouvons citer Gilles Planchon de Spirulina Solution, producteur de spiruline dans le sud de la France. Pendant vingt ans, Gilles a participé au développement de cultures de spiruline artisanales et domestiques dans 16 pays sur 4 continents. Son ONG Uni Vers la Vie a mis en place des projets de culture de spiruline au Burkina Faso, en Inde, en France…
Voici les effets de la spiruline sur des enfants en malnutrition :
Un rapport de l’IRD remet en cause les atouts de la spiruline pour le développement en Afrique !
En 2008, le ministère de l’Agriculture et de la pêche (MAP) a commandé à l’Institut de recherche pour le développement (l’IRD) un rapport pour savoir si la spiruline pouvait être un atout pour la santé et le développement en Afrique.
Malgré le sérieux de ce rapport sur les bienfaits de la spiruline et son implantation en Afrique, que se soit en milieu naturel, ou dans des fermes, les conclusions ont de quoi surprendre, les voici :
La Spiruline ne nous apparaît pas éligible pour la fabrication des aliments distribués par les services de santé nationaux ou l’aide internationale, qu’il s’agisse de farines enrichies pour prévenir la malnutrition ou d’aliments complets pour traiter l’urgence. La raison principale en est le coût de revient trop élevé. D’autre part, les organismes internationaux (FAO, PAM etc..) ne l’utiliseraient que si des preuves d’efficacité, de qualité et de non toxicité étaient apportées par des scientifiques.
L’expertise présente ne permettra pas de les convaincre car trop d’incertitudes demeurent. Nous considérons que sa place est dans des domaines plus spécifiques tels : 1) le traitement des carences en vitamines A du fait de sa richesse en ß-carotène 2) comme source de micronutriments, lorsqu’il y a des gisements naturels de Spiruline. Ainsi est-elle traditionnellement utilisée de nos jours sous forme de galettes (« dihé ») dans la région du Kanem, (Tchad, Afrique) où elle se développe spontanément. 3) comme source de micronutriments dans les régions où la distribution de farines enrichies ne se fait pas.
Cette culture serait une solution quand les terres ne sont pas fertiles comme les anciens marais salants ou les zones semi désertiques. Etant particulièrement attractive elle pourrait sensibiliser les populations à la nécessité d’une bonne nutrition répondant aux besoins quotidiens des jeunes enfants.
Rapport IRD
Les acteurs de la spiruline ont été surpris de cette conclusion. Gilles Planchon, dont j’ai cité plus haut son investissement en Afrique pour la spiruline, a voulu contacté l’auteur de ce rapport. Connaissant son sérieux et son expertise de ce domaine, il a été surpris que ce dernier rendent de tel conclusion. Il ne fut plus joignable et a été muté ou promu ailleurs à la suite de ce rapport…
Quand bien même le coût de la farine enrichi serait moindre que la spiruline, l’intérêt nutritionnel et les perspectives de développement sont sans commune mesure par rapport à une solution chimique.
Voici l’analyse de Jacques FALQUET, responsable scientifique de l’ONG Antenna Technologies au sujet de ce rapport de l’IRD, dans revue critique :
Il semble que diverses inhibitions incitent certains à se rabattre sur des arguments de composition de la spiruline pour en déduire soit son intérêt soit son absence d’intérêt… Dans les deux cas, il s’agit d’une démarche regrettable car la focalisation sur le produit (où plutôt sur « ce qui est connu de la composition du produit ») empêche d’appréhender le cœur du sujet qui devrait être l’évaluation des stratégies de lutte contre la malnutrition faisant appel à la production locale de spiruline. Je reste donc « sur ma faim » du fait d’un certain manque à la fois de profondeur et d’envergure de l’analyse de l’IRD.
La question posée par le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche (MAP) nécessite d’inscrire la spiruline dans le cadre global d’une politique de développement. Il s’agit donc d’aller bien plus loin que de recenser les hauts et les bas d’une série de productions de spiruline, ou de revenir sur les plus et les moins de la composition moyenne de ce produit, ou encore de recueillir les opinions et les a-priori des uns ou des autres. Il faut se donner les moyens de déterminer l’impact « santé publique locale » de telles implantations, y ajouter les aspects économiques en terme d’emplois générés et de viabilité des entreprises crées, de marketing et de diffusion.
A cela on ajoutera des paramètres concernant l’éducation nutritionnelle découlant de ces projets et bien sûr une estimation de la résilience des stratégies « spiruline » face aux situations de crise si fréquentes en Afrique. Lorsque de tels paramètres pourrons être sérieusement évalués, il sera alors envisageable de les comparer aux valeurs correspondantes issues d’alternatives plus classiques. Ces matériaux constitueront les bases indispensables à une comparaison « coût-efficience » de différentes stratégies de lutte contre la malnutrition en Afrique.
Bien entendu, pour être crédibles, de telles études devraient être menées par des organismes indépendants : c’est ce que l’on serait en droit d’attendre par exemple de l’IRD. A ce titre, l’étude actuelle pourrait constituer une sorte de base documentaire, un premier pas en vue d’une véritable évaluation d’efficience seule à même de répondre à la question posée par le MAP.
Revue Esprit critique
Ne pas bousculer l’ordre établi des gouvernants et ONG
Voici un extrait de la présentation TEDX de Mallence Bart Williams, en 2015 à Berlin, à propos du pillage de l’Afrique par l’Occident et de l’utilisation, pour cela, des ONG :
Je n’ai pas assez de preuves pour affirmer que la spiruline a été volontairement mis de côté pour les intérêts des institutions internationales et d’ONG, alors qu’elle a tous les atouts nécessaires pour combattre la malnutrition et permettre le développement de régions entières en Afrique.
Cependant, la spiruline peut concurrencer des programmes de malnutrition comme le Project Peanuts Butter. Créer en 2004 par le thérapeute Mark Manary, cette barre ressemblant aux barres chocolatés est une formule «semblable au beurre d’arachide» appelée nourriture thérapeutique prête à l’emploi (RUTF). La formule comprend du lait en poudre, de l’huile végétale, du sucre et des vitamines. Ce supplément nutritionnel est donné pendant des semaines. Son paquet en aluminium jonche les sols dans les pays où il est consommé.
En 2007, trois ans seulement après sa création, l’ONU, l’Organisation Mondiale de la Santé, et l’UNICEF ont reconnu le RUTF et la home-based therapy comme «la norme de soins pour les enfants souffrant de malnutrition sévère dans le monde».
C’est peut-être un mal pour un bien que la spiruline continue de se développer avec des « petites » ONG comme Uni Vers la Vie, elles sont plus proche des populations, apportant leur aide et compétence pour un développement dans le long terme inch’Allah.