Lors de l’entreprise coloniale française en Algérie, l’islamité des Algériens fut au cœur des débats entre les deux-rives. Responsables politiques, idéologues, orientalistes… Tous s’emparent de la question à savoir comment dompter l’autochtone dont les enseignements et leur attachement à la religion musulmane leur assure une résistance innée ?
A travers ces deux textes issus du livre « Archives de l’Algérie », voici comment était vu le problème musulman lors de la colonisation.
L’attachement au Coran et à la sunna des musulmans de l’époque, qui n’est pas si lointaine, doit nous interroger lorsque l’ont vous toutes sortes d’imams et pseudo-intellectuels musulmans vouloir créer un Islam de France dénué de sa substance.
de plus, est-ce que l’émancipation démocratique à laquelle aspirent les Algériens actuellement ne scellerait pas la victoire de la France, ainsi que du modèle occidental, et achèverait le travail colonial commençait il y a presque 2 siècles ?
Les éliminer
Des idéologues rêvent d’une Algérie sans Algériens. Henri de Sarrauton résume en 1891 leurs propos extrémistes.
Jamais les indigènes n’accepterons les mœurs européennes. Jamais ils ne rechercheront la naturalisation française, et si vous vouliez la leur imposer, ils la repousseront de toutes leurs forces. Leur religion leur interdit formellement et explicitement d’adopter nos institutions civiles et politiques,
car le Coran est à la fois leur code religieux, leur code civil et leur code politique.
Ce que vous appelez les bienfaits de la civilisation française, ce sont, à leurs yeux, des hérésies qui leur inspirent la plus profonde horreur. Pour assimiler l’indigène, il faudrait donc, tout d’abord, l’arracher à l’influence du Coran, le convertir au christianisme. Or, c’est un fait d’expérience que le musulman ne se convertit jamais de son plein gré. Tous les missionnaires qui depuis des siècles, essayent de catéchiser les pays musulmans, y perdent leurs peines et leurs discours. Il faudrait employer la contrainte. eh bien, conçoit-on le Gouvernement français tolérant et libre penseur, établissant ici l’Inquisition comme l’a fait le roi Ferdinand après la conquête de Grenade ? Evidemment c’est impossible. L’assimilation est donc une chimère. Il faut refouler ce peuple de proche en proche et le remplacer successivement et systématiquement par une population française. L’Algérie ne deviendra réellement française qu’à ce prix.
Henri de Sarrauton, La question Algérienne, Oran, 1891.
Le supplice de ben Sliman
Le cheik ben Sliman écrit au président du Sénat pour lui faire part des réflexions que lui aspirent les lois nouvellement votées. Une supplice en faveur de plus de justice.
A Monsieur le président du Sénat, Paris, Louange à Dieu. Le 28 juillet 1891
A l’AUGUSTE SEIGNEURIE du magnifique Son Eminence, Monsieur le Président des membres de la Haute Assemblée de Paris.
Après avoir offert le plus nobles des saluts, ainsi qu’il convient à votre rang élevé, j’ai l’honneur de vous exposer ce qui suit.
Nous avons reçu, daté du 25 mai 1891, votre sublime écrit renfermant diverses questions concernant les musulmans habitant en Algérie, au sujet desquels vous me demandez une réponse.
Je réponds à votre haute seigneurie que tout ce que l’on peut conclure des lois votées, c’est que leur application a été la cause d’un grand préjudice pour les musulmans.
En effet, leur exécution a eu pour effet de les déposséder de leurs terres et de leurs faire supporter des pertes et corvées pénibles du fait des commissaires-enquêteurs et des géomètres chargés des délimitations. Or, depuis 1863 jusqu’à présent, il n’en est résulté à ma connaissance rien d’avantageux. De même au sujet des terrains dont les maîtres ont été expropriés. Nous avons été témoins de l’expropriation des habitants des trois tribus qui nous avoisinent le plus immédiatement ; il ne reste plus la moindre parcelle de terre.
Toutes ces terres se trouvaient auparavant en la possession et la jouissance des membres de la tribu, et depuis qu’elles leur ont été retirées, il ne leur reste plus que 33 203 hectares. Or on compte dans la contrée environ 6 000 tentes contenant environ 36 000 habitants. Si, donc, l’on répartissait les terres appartenant en propre à la tribu, d’après le nombre de tentes et d’habitants, il reviendrait moins d’un hectare à chacun de ces derniers. Ces personnes, par suite des expropriations, sont tombées dans une situation très précaire, à tel point qu’elles sont réduites à cultiver des terrains en prenant à leur charge les impôts de toute nature. D’autres affirment à un prix si élevé qu’il équivaut presque à celui moyennant lequel on achèterait un terrain, et si leur misère ne fait que s’accroître, ils n’ont aucun moyen d’y échapper. Voilà ce qui se passe chez nous, mais nul doute qu’il doit exister des localités où la misère est encore plus grande.
L’usage des noms patronymes, pour reconnaître l’identité devenue obligatoire en vertu de la loi, ne convient pas aux musulmans. Cet usage n’existe pas dans leur religion, ils ne l’approuvent pas et c’est malgré eux et à contrecœur que quelques-uns l’ont accepté, car ils savent bien qu’ils ne retireront aucun profit de ces dénominations qui ne tendent à rien moins qu’à porter atteinte à leur religion, laquelle est leur capital.
Le prêt à intérêt, autrement dit l’usure, est défendu par notre religion ; de même en ce qui concerne la banque française à laquelle les musulmans n’ont recours qu’en raison de la détresse où ils se trouvent et bien qu’ils empruntent et bien qu’ils empruntent ici à 30 % et au-dessus, alors que nous avons entendu dire qu’en France l’argent se trouve à un intérêt moindre de 2 % par an. Il serait licite à celui qui est dans le besoin de choisir, de deux maux le moindre, mais en ce cas, le prêt au même taux que les banques de France serait préférable.
En ce qui concernent les justices musulmane et française, l’on doit savoir que deux choses opposés ne peuvent être réunies. La justice musulmane a pour fondement le Coran sublime et les traditions laissées par le Prophète. Elle est toujours immuable dans sa base et on n’y peut rien ajouter ni en rien retrancher.
Quiconque la viole s’engage dans la pire des voies. Nos cadis jugent selon elle. De plus, ils tranchent les différends dans un très bref délai et les parties n’ont que des frais minimes à dépenser, quelle que soit l’importance de l’affaire. Avec le justice française c’est tout le contraire qui a lieu, et cela parce que cette dernière repose sur des lois humaines. De tous ces faits, il en résulte qu’il y a une incompatibilité entre notre justice et la justice française et que de l’application de cette dernière, les Arabes n’éprouvent que du préjudice dans leurs intérêts matériels et religieux. Nous demandons donc au gouvernement de rétablir notre justice dans ses principes et que le cadi soit toujours compétent sans distinguer dans les affaires mobilières et de statuts personnels.
La naturalisation serait d’une importance grave car elle équivaudrait à l’abandon de notre religion et de nos lois. Or changer ces deux dernières, ou accepter autre chose qu’elles, est une apostasie pour un musulman. Nous ne pouvons l’approuver et nous y soumettre. Notre désir le plus cher est que le musulman reste musulman et le Français, Français., sans rien changer aux doctrines de l’un et de l’autre. A chacun sa foi.